L'enjeu principal du Courage d'être, sauver l'être humain du désespoir, explique la portée considérable de ce livre. L'expérience de guérison et de libération qui en constitue la ligne directrice ne se laisse cependant enfermer dans aucune description exhaustive. Le courage de la foi ou le courage comme acceptation paradoxale de soi ne désigne rien d'autre qu'une reformulation moderne du principe paulino-luthérien de la justification. Accepter d'être accepté en dépit du fait que l'on se sente inacceptable signifie accepter que l'amour dont Dieu nous aime soit plus grand et plus profond que notre propre refus de nous-même.
Être accepté signifie alors cesser d'être superflu, cesser d'« être de trop » (Sartre), être voulu, aimé, justifié par ce qui est la source et le fondement ultime du courage d'être le Dieu au-dessus de Dieu. Cette expression ne vise nullement à faire de Dieu une abstraction, mais à éviter le piège de l'objectivation sous la forme du théisme idéologique qui présente Dieu comme un être parmi les êtres. Dans l'expérience du courage qui est acceptation paradoxale de soi, Dieu prend la figure de l'inconditionné qui fait irruption dans notre histoire pour nous libérer, nous guérir, nous remettre debout et en marche avec tous ceux et celles qui sont portés par l'espérance d'un avenir humainement viable.