Le communiste Doriot, le socialiste Déat, le radical Bergery : voilà des hommes qui, en 1933, occupent des places en vue dans la gauche
française et que l'on retrouve, quelques années plus tard, partisans de la collaboration avec Hitler et d'une adaptation du pays au nazisme
vainqueur. Des itinéraires marginaux, sans doute, mais point exceptionnels. Ces itinéraires de fascisation connurent des rythmes et des degrés
d'aboutissement inégaux d'un individu à l'autre, mais ils participèrent d'un même processus qui éclaire la situation problématique du fascisme
en France. Au regard des prototypes que constituent le fascisme italien et le nazisme, on ne peut guère parler en France que d'un phénomène
fascistoïde : produit de l'attraction exercée, dans les années trente, sur des dissidents en quête d'une rénovation nationale par des régimes
fascistes qui représentaient à la fois des menaces et des modèles, il trouva son apogée après la défaite dans la soumission à un fascisme
hégémonique étranger.