« Cent jours autour du monde, en 2018, cela relève presque de l'ordinaire (...) ; chacun ressent qu'on tourne autour de la terre comme aussi
bien on prendrait une ligne de tram d'un bout à l'autre, en regardant le ciel défiler au-dessus des nuages. À ceci près que nous, Christian et moi,
nous ne prenons pas l'avion. C'est même la seule règle établie, celle qui justifie qu'on mette tout ce temps pour seulement faire une boucle : en
cargo, en train, en voiture, à cheval s'il le faut, mais pas en avion – quelque chose comme le voyage de Philéas Fogg en un peu plus long,
volontairement plus long même, à l'opposé du pari qu'il fit quant à lui de la vitesse et de la performance. Et non pas parce qu'on se soutiendrait
de l'idée absolument inverse d'une lenteur sans limites, mais enfin, il est vrai, en bons romantiques attardés, qu'à la performance on opposera
volontiers la promenade, à la vitesse la flânerie, enfin, en bons bouddhistes zen, à l'œuvre accomplie le trajet qui y mène. »
L'un, Christian Garcin, est un grand voyageur, dont l'œuvre se nourrit de ses pérégrinations ; l'autre, Tanguy Viel, un sédentaire qui croyait
avoir signé la pétition de Beckett, « on est cons, mais pas au point de voyager pour le plaisir ». Ensemble, ils se sont lancé un défi : parcourir
le monde, de l'Amérique à la Sibérie en passant par le Japon et la Chine, sans jamais prendre l'avion. Récit né de ce périple, enrichi d'inventaires
facétieux et de « lettres à un ami » relatant des rencontres insolites, Travelling est surtout une méditation littéraire inoubliable sur le voyage,
sur notre rapport à l'espace et au temps, sur la confrontation entre le réel et ce qu'on imagine.