Quelle idée les Romains ont-ils eue de se donner comme fondateur un fratricide ? Ils étaient incapables de rendre compte du crime horrible, contraire aux lois les plus fondamentales du comportement humain, de celui qu'ils avaient pourtant promu au rang des dieux sous le nom de Quirinus. Si Romulus était difficile à comprendre pour les Romains eux-mêmes, il semble possible de l'éclairer en faisant appel à des héros connus ailleurs et qui présentent des traits analogues, en cherchant la réponse du côté de la mythologie comparée. L'auteur met à contribution le monde indo européen, avec notamment le personnage que les Iraniens considéraient comme leur premier roi, ce Yima dont le nom signifie jumeau, ou des souverains, tout aussi légendaires, que les Scandinaves ou les Arméniens situaient au début de leur histoire ; mais d'autres aires culturelles se révèlent également riches d'enseignements, comme le monde biblique avec Jacob qui supplante son jumeau Ésaü. Relue à la lumière de ces parallèles, la vie de Romulus apparaît comme l'application à la naissance de Rome d'une antique représentation de la mise en place de l'humanité telle que nous la connaissons, dans un cadre civilisé qui s'est bâti sur le rejet du chaos antérieur.