La montée du nazisme - Christian Bernadac
Comment un peuple peut-il, à ce point, perdre son identité ? Telle est la question que pose cet ouvrage. Pour y répondre, Christian Bernadac a choisi, dans les archives de Nuremberg, les témoignages des acteurs du drame. Vous entendrez Goering, Doenitz, Von Papen, Von Ribbentrop, Streicher, Speer, Hess, Keitel, Rosenberg, Kaltenbrunner, etc. et leurs accusateurs. Le glaive et les bourreaux. Indifférence, peur des représailles, de l'internement, des tortures, il n'y aura pas, on le sait, de véritable front du refus en Allemagne. Le système mis en place a broyé toutes les tentatives avant qu'elles ne soient organisées. Auteur de dossiers irremplaçables sur le phénomène concentrationnaire, Christian Bernadac nous fait découvrir ici les hommes et les circonstances qui ont permis implantation, montée et pouvoir absolu du nazisme. Témoignages accablants et cyniques, que l'on doit lire et méditer.
L'irrésistible ascension d'Adolf Hitler, la rapidité avec laquelle il sut imposer ses idées, peuvent-elles s'expliquer rationnellement ? Sans avoir été choisi, il vînt à l'heure du jour où tout était possible. Pour lui. Et probablement pour lui seul, car peut-on imaginer un autre personnage franchissant le même parcours dans les mêmes circonstances ? Accident troublant de l'Histoire -le plus surprenant n'est-il pas que ce crime contre la démocratie [avant de devenir un crime contre l'humanité] ait été commis au XXe siècle, monde nouveau de ces techniques et de la communication qui devraient nous mettre à l'abri de toute aventure totalitaire. La rencontre entre un homme et un peuple eut lieu. C'est le plus grave. Tout le reste, ou à peu près, n'étant qu'adaptation psychologique, démagogie et bien évidemment, une fois le pouvoir confisqué, dictature.
Rien, dans son adolescence, ne laissait entrevoir le destin qui allait le dépasser. Par ce vide -instruction primaire, éloignée de l'ensemble des sciences (y compris l'Art Militaire), absence criarde de culture -que ne saurait combler un réel besoin de lectures, plus que par l'attitude hautement criminelle, il est à l'opposé des maîtres qu'il s'inventa dès l'invasion de la Pologne : Alexandre, César, Napoléon. L'Allemagne d'après le Traité de Versailles, exsangue, humiliée, à la dérive, réunissant toutes les conditions d'une reprise en main virile, succombe au charme, sans trop comprendre où cela la mènerait.