Honoré du titre de " Père du peuple " par ses sujets, hissé par les hommes des Lumières sur le même piédestal qu'Henri IV, Louis XII perdra tout
son prestige au XIXe siècle sous la plume méprisante de Michelet, et son souvenir ne s'en relèvera pas; la mémoire collective et les historiens
finiront même presque par l'oublier, en dépit de la durée relativement longue de son règne (1498-1515).
Sait-on aujourd'hui qu'avant de subir des défaites en Italie _ on ne retient qu'elles _, Louis XII fut considéré par les rois d'Europe comme le plus
puissant d'entre eux; qu'excepté Napoléon jamais souverain français n'a contrôlé _ brièvement, certes _ autant de territoires que lui? Sait-on
aussi qu'une exceptionnelle période de stabilité politique, de modération fiscale, d'efficacité administrative, d'expansion économique,
d'ouverture résolue aux courants intellectuels et artistiques les plus novateurs ont permis au royaume et à ses habitants d'entrer de plain-pied
dans ce que l'on nomme la " Renaissance "?
Pour tout dire, serait-il légitime de privilégier l'énigmatique Louis XI, le trop jeune Charles VIII (qui l'ont précédé) ou le flamboyant François Ier
(qui l'a suivi) et de négliger cette large terra incognita qui les séparait jusqu'à présent?
Professeur à l'université de Paris VIII-Saint-Denis, Bernard Quilliet, docteur ès Lettres, est l'un des meilleurs spécialistes actuels du XVIe siècle
en France et en Europe. Il a publié, outre une thèse d'histoire sociale sur les officiers de la prévôté et vicomté de Paris au XVe et XVIe siècle, une
biographie de Christine de Suède (1982), un essai d'histoire-fiction, La Véritable Histoire de France (1983) et a collaboré à l'Histoire de la France
urbaine.