« Sa finesse d'esprit est remarquable pour son âge et une fois qu'elle a décidé de faire quelque chose, elle s'efforce d'y parvenir par n'importe
quel moyen et à n'importe quel prix. »
Érasme Brasca, ambassadeur de Venise
Si elle est devenue une reine aux contours parfois insaisissables, c'est parce qu'Anne de Bretagne a servi trop de maîtres après sa mort. On la
voudrait fidèle à la France parce qu'elle fut reine, fidèle à la Bretagne parce qu'elle est née bretonne, fidèle à son père parce qu'elle lui promit de
ne jamais assujettir son duché, fidèle à son peuple qui comptait sur elle, fidèle à son époux – mais lequel ? Charles VIII ou Louis XII –, fidèle à
ses fils morts trop jeunes, fidèle à ses filles, comme elle éloignées du trône. Sa vie intense et fascinante, ses voyages et ses pèlerinages
symboliques, contribuèrent à élaborer ce personnage mythique.
Il est temps de retracer le portrait intime de cette femme de tête entourée d'hommes de pouvoir. Car, reine et duchesse, Anne de Bretagne fut
aussi et d'abord une femme de son temps.