L'étude des modérés dans la vie politique française, et plus encore, celle du poids des chrétiens modérés, a longtemps constitué un point
aveugle de l'historiographie française. Un important colloque tenu à Grenoble, il y a plus de quarante ans, et un récent colloque tenu à Nancy, il
y cinq ans, constituent encore les ouvrages de référence. C'est à combler ce trou que voudrait travailler ce livre. L'effort des historiens qui ont
contribué à cet ouvrage, fruit d'un colloque tenu à Lille en 2005 et 2006, se résume à trois apports essentiels. Premier apport : la contribution d'
éminents historiens, spécialistes des pays européens, dans lesquels les relations entre philosophie politique et théologie n'ont pas fait l'objet de
la même réserve qu'en France, a permis de mieux cerner la singularité de l'historiographie française. Deuxième apport : les historiens
spécialistes des rapports mouvementés entre l'Église et la République ont confirmé le rôle souvent décisif de ces catholiques modérés dans la
fondation et la stabilisation du régime républicain, confirmant le poids de ces « catholiques selon le suffrage universel » chers à Littré. Ils ont
également souligné l'apport de ces derniers dans la refondation de la République aux lendemains de la Libération. Troisième apport et non des
moindres : essayer de faire comprendre comment s'articule dans la conscience de l'individu-acteur l'option d'ordre proprement religieuse,
philosophique et théologique, et le choix dans l'ordre politique.