Quel rôle jouèrent les Flamands dans la naissance de la « nation France » ? Que savait de Bouvines, Courtrai, Cassel ou Roosebeke, marqueurs
mémoriels de cinq siècles d'histoire entre le comté de Flandre et le royaume de France, le clerc breton ou le noble provençal ? Que disait-on en
Normandie ou en Auvergne, de la Flandre, des Flamands, de leur identité mais aussi de leur appartenance au royaume ? Les Français – ou tout
au moins leurs élites – partageaient-ils avec le roi et avec ceux qui gravitaient à l'ombre de son pouvoir une perception commune de cette «
question flamande » qui, des Carolingiens aux Valois, fut récurrente et souvent brûlante ? Le récit que l'on poursuit ici est moins celui des
événements tels qu'ils se sont déroulés, que celui de la construction « imaginée » du passé qu'offrent les chroniques médiévales et, à leur suite
à partir du xvie siècle, une grande variété de textes dont l'ambition fut de raconter à un public appelé peu à peu à former une nation une «
histoire de France par la mémoire ».