Arlette Farge présente ici des archives qui lui sont chères, des documents laissés de côté au terme de ses différents travaux et recherches, dont
le pouvoir d'évocation reste vivace. Pris en tant que tels, ils permettent de regarder l'Histoire autrement.
Comment saisir les vies oubliées, celles dont on ne sait rien ? Comment reconstituer au plus près l'atmosphère d'une époque, non pas à grands
coups de pinceau, mais à partir des mille petits événements attrapés au plus près de la vie quotidienne, comme dans un tableau impressionniste
?
Arlette Farge offre ici ce qu'on appelle les " déchets " ou les " reliquats " du chercheur : ces bribes d'archives déclarées inclassables dans les
inventaires, délaissées parce que hors des préoccupations présentes de l'historien. Ce sont des instantanés qui révèlent la vie sociale, affective
et politique du siècle des Lumières. Prêtres, policiers, femmes, ouvriers, domestiques, artisans s'y bousculent.
De ces archives surgissent des images du corps au travail, de la peine, du soin, mais aussi des mouvements de révolte, des lettres d'amour, les
mots du désir, de la violence ou de la compassion.
Le bruit de la vague, expliquait Leibnitz, résulte des milliards de gouttelettes qui la constituent ; Arlette Farge immerge son lecteur dans l'intimité
de ces vies oubliées. Une nouvelle manière de faire de l'histoire.