Malgré les réformes et les rapports, les campagnes de prévention et les associations de défense des enfants, malgré la médiatisation de
certains procès contre des parents-bourreaux, le quotidien de la protection de l'enfance s'est assombri. La crise des moyens n'est qu'un
prétexte qui cache le manque de lucidité sur la tragédie de l'enfance. L'enjeu n'est pas de crier ou d'aménager les meilleurs dispositifs en
demandant et négociant encore plus de lois et de règlements. Il s'agit de réveiller les consciences pour qu'on comprenne enfin d'où vient l'
ennemi des enfants, qui il est et comment il se présente. Cet ennemi n'a pas de visage, mais il a un nom : la haine de l'enfant. C'est une haine
spécifique – une haine de soi, de l'enfant en soi — qui de génération en génération reproduit la violence et le malheur.