Jean-Baptiste Colbert, qui fut jadis une des figures mythiques du « roman national », est aujourd'hui violemment remis en cause, comme le sont
la plupart des « grands hommes » de l'histoire de France. On s'interroge sur les ressorts de son ascension, on s'inquiète de l'origine douteuse
de sa fortune, on conteste la pertinence de ses réformes, on souligne son penchant pour l'autopromotion.
Pour y voir plus clair, les auteurs explorent de nouvelles sources, dressent pour la première fois un bilan d'ensemble de l'action de Colbert
pendant les deux décennies où il fut le ministre de Louis XIV et suivent, sur près de quatre siècles, les avatars du « mythe Colbert ». L'itinéraire
de Jean-Baptiste n'est pas séparé de celui des Colbert qui l'ont précédé et de ceux qui l'ont suivi. Le portrait de famille éclaire la personnalité de
l'homme, dont la psychologie est à son tour révélatrice de l'imaginaire des élites françaises.
Replacée dans la longue durée de l'histoire de France, son œuvre se révèle complexe, foisonnante, pas toujours couronnée de succès sur le
court terme, mais incroyablement féconde avec le temps. Elle est une des bases sur lesquelles repose l'État tel que nous le connaissons : en ce
sens, Jean-Baptiste Colbert mérite bien de demeurer le « grand Colbert ».