Jamais notre santé mentale n'a été l'objet d'autant d'attention par les pouvoirs publics. Qu'il s'agisse de nous éviter d'être déprimés, anxieux, en burn-out, agressifs envers nous-mêmes ou autrui, de trop manger, trop boire, trop fumer, etc., le dispositif de santé publique multiplie les programmes de prise en charge de notre mal-être.
Mais cela ne suffit plus : mieux vaut prévenir que guérir, dit-on, et il s'agit désormais d'intervenir très en amont des problèmes que l'on imagine devoir survenir. Dès notre naissance, et même avant, par exemple en formant les futurs parents à des méthodes d'éducation permettant d'obtenir des enfants garantis sans troubles mentaux ni comportementaux.
Les intentions sont bonnes. C'est évidemment pour notre bien et pour celui des autres que l'on se préoccupe de nous apprendre les bons comportements. Mais le bien qui est ainsi visé s'articule à une définition de la bonne vie, du bon humain, sur laquelle il est impératif de porter un regard critique, comme sur les moyens utilisés pour y parvenir, tant ce dispositif est susceptible d'avoir des conséquences majeures sur nos vies.
C'est l'objectif que se donne cet ouvrage, qui jette le pavé d'une analyse critique, statistiquement, sociologiquement et épistémologiquement informée, dans la mare des bonnes intentions santémentalistes.