Il y a d'abord le personnage historique qui, au coeur du tournant décisif du XIIᵉ au XIIIᵉ siècle, où naît un Moyen Âge moderne et dynamique, fait bouger la religion, la civilisation et la société. Alliant simplicité et prestige, humilité et ascendant, ouverture et refus, physique ordinaire et rayonnement exceptionnel, François répond aux attentes d'une grande partie de ses contemporains. Son premier terrain d'apostolat est la ville, à laquelle il apporte le sens de la pauvreté face à l'argent et aux riches, la paix au lieu des luttes intestines. À la nouvelle société urbaine qui s'installe, il propose l'alternance entre l'action dans la ville et le retrait érémitique, mais aussi la route et le pèlerinage. Enfin, désireux de montrer que des laïcs sont capables, comme les clercs, de mener une vie apostolique, il refuse dans son ordre toute hiérarchie et prélature, et fait leur place aux femmes et aux enfants. François, plus que tout autre, inspire à l'historien le désir d'en faire un objet d'histoire totale, exemplaire pour le passé et le présent.