J'ai écrit ce livre parce que je pense que le thème sur lequel il porte est le plus important que l'on puisse imaginer. Nous en sommes au début de la révolution des neurosciences. Lorsqu'elle sera achevée, nous saurons comment fonctionne l'esprit, nous comprendrons ce qui régit notre nature, et aussi comment nous faisons pour connaître le monde. En fait, ce qui se passe actuellement en neurosciences peut être considéré comme le prélude à la plus grande des révolutions scientifiques, une révolution aux répercussions sociales inévitables et fondamentales. Prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le cerveau, Gerald Edelman propose ici une synthèse qui, de la psychologie à la neurobiologie et à la psychanalyse, pourrait expliquer l'émergence et le fonctionnement de la conscience. Selon lui, c'est pour avoir "oublié" le corps que les théoriciens de l'esprit ont jusque-là échoué : une pure pensée ne peut s'autoappréhender. Et afin d'éviter ce travers, l'auteur donne une base biologique à la pensée : le cerveau est constitué de milliards de neurones, cellules nerveuses élémentaires mais capables de s'auto-organiser. Pourquoi les neurones n'auraient-ils pas, au cours des millénaires, parallèlement à leurs propriétaires, évolué vers toujours plus de complexité par une forme particulière de sélection naturelle ? Et pourquoi la conscience ne serait-elle pas apparue au cours de ce processus ? La thèse d'Edelman, connue sous le nom de "darwinisme neuronal", et placée ici sous le double patronage de Freud et de Darwin, est une des grandes voies de recherche vers ce qui sera sans doute la science du troisième millénaire : celle du cerveau. --Arthur Hennessy