En 1900, les mots « infirmier » et « infirmière » étaient utilisés pour nommer le personnel non qualifié de l'hôpital et avaient le même sens que « garçon desalle » et « fille de salle ». En 1950, le terme n'est plus que féminin et désigne des travailleuses qualifiées dont la formation initiale assez longue a été certifiée par un diplôme d'État. Quelles ont été les raisons de cette mutation, qui a accompagné l'évolution de la médecine hospitalière et du droit de l'assistance ? Comment ce phénomène s'inscrit-il dans l'évolution de la société française de la première moitié du XXe siècle ? Pourquoi est-ce dans les hôpitaux de l'Assistance publique de Paris que cette dynamique a été forte au point que ses choix ont entraîné l'ensemble du secteur hospitalier du pays ? Comment cette professionnalisation s'est-elle effectuée ? Quelles ont été ses conséquences sur la vie de ces femmes ? Cet ouvrage associe une approche quantitative précise de l'institution hospitalière parisienne à l'étude des destins individuels de seize femmes soignantes. Par un jeu d'échelles, l'auteur définit le rôle de différents facteurs (l'origine géographique, le milieu social, la formation, le marché du travail, les guerres, etc.) dans la conception d'un métier qualifié. Afin de préciser les spécificités parisiennes, un chapitre est consacré à un autre grand ensemble hospitalier, les Hospices civils de Lyon, ce qui nous permet de suivre jusqu'à nos jours un groupe professionnel proche de celui des infirmières créé dans les années 1930 pour se substituer aux religieuses qui disparaissaient. L'auteur présente un groupe social de femmes dynamiques, confrontées aux difficultés de la vie mais aussi à un exercice professionnel passionnant, dont le tableau nous est ainsi brossé, sans que soit laissé de côté l'impact de la gestion menée par l'administration hospitalière.