Dans l'avion, Bingtao ouvre le livre qu'il a reçu pour Noël : La Peste, de Camus. Les douze heures de vol passeront vite. En ce 17 janvier 2020, comme chaque année il part fêter le Nouvel An avec les siens, à Wuhan, dans le Hubei, berceau de la pandémie liée au coronavirus. Sa sœur lui a bien parlé d'un nouveau virus mais rien d'inquiétant, il ne se transmettrait pas entre humains.
À Wuhan, les rues sont bondées et joyeuses. Dans trois jours, on va tuer le monstre Nian et célébrer le début de l'année du Rat, souvent signe de mauvais augure... Et de fait elle commence mal : le 23 janvier, Wuhan, 11 millions d'habitants, est placée en quarantaine. Impossible pour Bingtao de rentrer en France.
Pendant deux mois il va vivre un confinement extrêmement strict. Il ne sortira qu'une seule fois, dans une ville fantôme où tout, absolument tout, même les magasins d'alimentation, est fermé, toute sortie interdite. De là-bas il met en garde ses amis français. Il n'est pas écouté.
Alors que Wuhan s'apprête à entamer un lent déconfinement, Bingtao peut enfin partir. Le 20 mars il embarque à Shanghai dans un avion presque vide à destination de Paris. À l'atterrissage, c'est une France confinée qui l'attend. Après deux mois de confinement à la chinoise, Bingtao découvre le confinement à la française. Avant, il l'espère, de vivre enfin un vrai déconfinement.
Bingtao Chen est né en 1989 à Wuhan (Chine). Arrivé en France en 2014, il est diplômé d'une grande école d'ingénieur française et travaille comme consultant à Paris.