Au cours de la brève campagne de 1940, les offensives alliées furent rares. À Abbeville, sur la Somme, se déroula la plus violente d'entre elles : plus de cinq cents blindés anglais et français y furent successivement engagés. Ce fut, selon l'Allemand Büchner, la plus grande concentration de moyens divers avant la Russie. La 4e division cuirassée du colonel de Gaulle participa, à partir du 28 mai, à cette offensive qu'elle mena jusqu'à épuisement. Le 5 juin, promu général, de Gaulle devenait sous-secrétaire d'État à la Guerre. C'est cette brève, mais violente période de la vie du général de Gaulle qu'Henri de Wailly met en lumière. Aucun des biographes du Général ne l'avait fait auparavant. Pour y parvenir, l'auteur a dû réaliser une minutieuse enquête, en France et en Allemagne, afin de regrouper les rares textes contemporains, recueillir plusieurs centaines de témoignages, tant auprès de ceux qui servaient avec de Gaulle, qu'auprès de ceux qui se battaient contre lui, consulter les archives de Coblence, Fribourg, Paris, Londres, rechercher carnets, lettres, récits, archives privées, etc. Vif, contrasté, rapide, surprenant, ce récit nous emporte des centres de décision au terrain, du PC même du Général, à celui de son adversaire, des champs où l'on se bat aux infirmeries où l'on agonise, de Weygand aux pilotes de chars. À la tête de sa division, de Gaulle manœuvre – ou ne manœuvre pas – devant nous. L'image qui s'en dégage est celle d'un chef solitaire, énergique, mais également celle d'un homme sourd à tout conseil, jaloux de son autorité, sans doute plus attaché aux données stratégiques de la guerre, qu'aux conditions imposées du combat. C'est donc, dans une ambiance passagère de victoire, un aspect inhabituel du général de Gaulle et de la guerre de 40 qu'il nous est donné de découvrir ici.