C'est un voyage que n'avait ni prévu ni voulu le narrateur, lorsqu'il a placé ses parents en maison de retraite. Puisque sa mère ne savait plus où elle était et que son père commençait à se perdre dans les méandres de son fleuve intérieur, il les a éloignés pour toujours de leur maison ensoleillée d'un petit village de Provence, le rêve de leur vie. Et les a emmenés dans un EHPAD. Jour après jour, visite après visite, il est allé puiser auprès d'eux ce qu'ils avaient été, des parents vaillants et solides. Dans le village où plus rien ni personne ne l'attendait, il a recherché son enfance aux étés gorgés de soleil, et des réponses à cette question lancinante : " Pourquoi n'avons-nous rien vu venir ? " Malgré son chagrin et son désarroi, il a trouvé dans ce lieu de vie de la délicatesse et du dévouement, de l'amour aussi. Il a trouvé des mains caressantes et des baisers, tous ces baisers qu'on donne vite désormais car le temps file. Et du réconfort pour ce qui n'est plus : l'insouciance d'avant.
Dans ce premier roman à l'écriture limpide et poétique, Emmanuel Sérot montre avec beaucoup de sensibilité comment, à partir des difficultés quotidiennes du vieillissement, les mots peuvent faire surgir une souriante humanité : celle des soignants, des enfants devenus adultes et pétris de nostalgie, des parents eux-mêmes dont la fragilité touche profondément le lecteur. Car c'est lorsqu'on pense aborder ses toutes dernières longueurs que la vie peut réserver bien des surprises...