Historien internationalement reconnu de l'URSS stalinienne, Nicolas Werth a éprouvé le besoin d'aller sur place, tenter d'approcher différemment ces lieux, partir à la recherche des traces du plus grand système concentrationnaire du vingtième siècle. La route de la Kolyma est le récit de cette expédition insolite et fascinante dans cette immense contrée isolée de la Sibérie orientale, à neuf heures de vol de Moscou. Région emblématique du Goulag, la Kolyma, grande comme deux fois la France, est aujourd'hui une région sinistrée, aux villes dépeuplées. Avec deux amis de l'association Memorial, ONG russe qui s'efforce de sauvegarder la mémoire du Goulag et des répressions staliniennes, Nicolas Werth a rencontré les derniers survivants des camps, mais aussi les rares « enthousiastes de la mémoire » qui luttent obstinément pour que cette page sombre de l'Histoire ne soit pas oubliée. Il a sillonné les pistes de la Kolyma, construites par les détenus eux-mêmes pour tenter de retrouver les vestiges des camps de travail forcé, où les détenus extrayaient, dans des conditions extrêmes (- 50° l'hiver) l'or, grande richesse de la Kolyma, mais aussi le minerai d'étain, le cobalt, l'uranium. Une quête souvent vaine, tant les traces se sont effacées dans ce milieu que l'homme n'a jamais véritablement conquis. Dans ces conditions, comment l'historien peut-il encore appréhender cette civilisation disparue ? Ce voyage à la recherche de la Kolyma perdue est aussi une réflexion sur le métier d'historien.