Jean-Baptiste Carrier (1756-1794), envoyé en mission de la Convention, a, en l'espace de cent jours, organisé les noyades de Nantes où périrent entre 2 000 et 5 000 personnes. Contrairement à la légende noire qui l'a ainsi dépeint, il n'a rien d'un être sanguinaire et monstrueux doublé d'un obsédé sexuel. Venu à Nantes pour réprimer les révoltes vendéennes, Carrier agit sans grands états d'âme, en technicien parmi d'autres, même s'il fut l'un des plus efficaces, croit bien faire, est persuadé d'agir pour le triomphe de la Révolution. Tout en démontant les mécanismes de la Terreur, l'auteur montre que de tels agissements s'inscrivent dans un contexte plus large. L'extermination des opposants se fait de trois manières différentes : par fusillades après procès, par famine (des milliers de détenus meurent dans l'Entrepôt des tabacs), par noyades sans jugement. Cependant, Carrier n'a pas agi seul : il a bénéficié de l'appui des sans-culottes virulents et actifs, d'un comité révolutionnaire d'une dizaine de personnes ayant mis la ville en coupe réglée, soit un certain nombre de personnages bien décrits dans leur origine sociale, leur idéologie, leurs revendications, leur comportement.
Une synthèse indispensable pour comprendre l'engrenage et les ressorts de la Terreur.