Accusateur (féroce) non seulement de Louis XVI mais encore des Girondins, de Danton et des hébertistes, représentant (impitoyable) de la Convention aux armées du Rhin et du Nord, membre (inflexible) du Comité de Salut public et enfin victime (impassible) du 9 Thermidor, l'" archange de la Révolution " fut-il un terroriste fanatique ou bien un esprit généreux peu regardant sur les moyens? Faut-il le ranger parmi les premiers fascistes, les précurseurs des socialistes utopistes ou les ancêtres des léninistes?
Véritable Janus entré en politique à vingt ans et mort à vingt-sept, homme de coeur et homme de système tout à la fois, libertin en 1789 et zélateur de la vertu en 1793, apôtre ardent d'une société fraternelle mais organisateur farouche de la Terreur, Saint-Just fut, à l'évidence, le plus contradictoire de tous les révolutionnaires. Et s'il a, de son vivant comme après sa mort, suscité des jugements aussi tranchés, c'est que les raisons de le haïr (mais non de le mépriser) sont aussi fortes que celles de l'aimer (mais non de l'admirer).
Agrégé d'histoire, docteur ès Lettres, Bernard Vinot est l'auteur d'une thèse sur la jeunesse et la formation politique de Saint-Just.