" Ci-gît Robert Guiscard, terreur du monde ": le début de l'épitaphe du conquérant normand de l'Italie du Sud exprime parfaitement le souvenir qu'en avaient gardé ses contemporains. Habile, rusé (c'est ce que veut dire guiscard), Robert était tout aussi redouté pour sa vaillance guerrière. Ces mots préfigurent également les nombreuses épopées et chansons de geste auxquelles la vie de ce fils d'un petit seigneur du Cotentin, devenu duc de Pouille, de Calabre et de Sicile, a servi de support. Et ses exploits rappellent ceux d'un autre Normand _ mais Guillaume disposait, lui, des ressources de tout un duché... _, conquérant de l'Angleterre.
Avoir fait trembler le pape avant d'en devenir le protecteur, puis reculer l'empereur d'Occident, Henri IV, et l'empereur d'Orient, Alexis Ier Comnène; avoir mis fin à l'occupation de la Sicile et de l'Italie du Sud par les Comnène; avoir mis fin à l'occupation de la Sicile et de l'Italie du Sud par les Bysantins et les Sarrasins, et bâti une puissance territoriale sur le flanc méridoional de la chrétienté latine, voilà bien de quoi laisser une trace durable dans la mémoire des hommes. Deux siècles plus tard, Dante plaçait d'ailleurs Robert au côté de Josué, de Charlemagne et de Godefroi de Bouillon dans le cinquième ciel de son Paradis...
Confrontant minutieusement les données objectives transmises par les archives avec les images légendaires ou idéalisées véhiculées par les textes littéraires, Huguette Taviani-Carozzi restitue dans toute sa grandeur la figure de l'un des acteurs majeurs du Moyen Age occidental.
Huguette Taviani-Carozzi, professeur d'histoire médiévale à l'université de Provence (Aix-Marseille I) est spécialiste du monde méditerranéen dans le haut Moyen Age.