Dans Mémoire d'errance, Tidiane N'Diaye tente de restituer un passé prestigieux longtemps dénié aux peuples noirs. « Malgré les falsifications de l'histoire, fait-il remarquer, le continent noir est le berceau des civilisations d'Egypte qui pendant des millénaires était bien une civilisation nègre et africaine... L'Afrique est aussi le berceau de l'humanité pour avoir vu naître les premiers hommes dont l'Homo Erectus qui sera le colonisateur de la planète. » A travers ce travail de mémoire, l'auteur rappelle, à l'occasion du 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage par la France que « bien qu'il n'existe pas de degrés dans l'horreur ou de monopole de la souffrance... la traite des Noirs est - par sa durée et par son ampleur - le plus grand génocide de l'histoire humaine. » Il montre également que « les trois continents concernés par le commerce triangulaire (Afrique, Europe, Amérique) se sont profondément interpénétrés par la force la plus barbare, ponctuée de massacres, de tortures » et que « dans cet enfer d'avilissement extrême et de déshumanisation, les apports des différentes cultures africaines qui sont venus féconder les cultures européennes et amérindiennes ont créé un mutant. » L'auteur, citant la prophétie de Malraux selon laquelle « le XXIe siècle devrait être spirituel », conclut sur une note d'espoir : « la survie d'une humanité sage et enfin réconciliée, ne peut cependant résider que dans un inévitable avenir de dialogue, de rapprochement et de mélange des peuples. Et ce, malgré le poids de l'histoire qui imprègne encore les relations entre les descendants des différents acteurs de la tragédie passée ».