L'héroïne de cette histoire se souvient des coupelles à glace qu'elle rapportait à la cuisine après chaque dîner dominical, léchant cuillères et bols avec application - et discrétion, car à table "une dame ne surcharge pas la cuillère pour ensuite la faire aller et venir dans sa bouche". Elle se souvient aussi de son "problème de canapé", une tendance récurrente à se faire surprendre en compagnie d'un garçon, dans des postures plus ou moins gênantes, sur le sofa de ses parents. Des plaisirs coupables qui n'ont pas disparu avec l'âge. Aujourd'hui ses enfants voient les pots de crème glacée se vider d'un coup après chaque visite de leur mère venue garder les petits-enfants. Et si l'amour fougueux pour son mari semble n'avoir jamais flanché, à la mort de ce dernier, il restera... la glace. Le portrait délicieux, à l'ironie subtile, d'une femme qui en quelques pages passe de l'enfance à la vieillesse, et de l'interdit à la volupté. Une vie résumée avec la plus franche gourmandise : "Le plaisir, c'est le plaisir".