Le regard des historiens latins sur Rome et son empire, parfois sévère, plus souvent admiratif, nous donne la mesure des transformations qui ont permis à une modeste bourgade du Latium de devenir la maîtresse du monde. De Jules César au prêtre Orose, en passant par Salluste, Tite-Live, Tacite, Suétone ou encore Florus, Justin et Ammien Marcellin, tous ont été témoins et parfois acteurs des faits qu'ils rapportent, ou bien héritiers d'une riche tradition dont il ne nous reste que des fragments épars. Leur point de vue reflète les préoccupations de leur époque, au premier rang desquelles l'octroi de la citoyenneté et les problèmes de l'intégration. D'une uvre à l'autre, reviennent les clichés qui ont marqué la mémoire collective des Romains : l'humiliation des Fourches caudines, la prise de Rome par les Gaulois, l'occupation de l'Italie par les troupes d'Hannibal, l'incendie du Capitole, l'horreur des guerres civiles mais aussi la célébration des triomphes et les cérémonies en l'honneur des dieux. Longtemps favorisée par la Fortune, la Ville a fini par subir l'invasion des hordes barbares. Mais elle doit à ceux qui ont écrit son histoire, outre le sentiment de sa propre grandeur, la reconnaissance de sa mission culturelle et civilisatrice.