Etre une femme engagée dans l'action politique, telle fut, en un temps où le gouvernement n'était pas l'affaire des femmes, la profonde originalité de Marie-Jeanne Phlipon, épouse Roland, guillotinée pour ses idées et son action le 8 novembre 1793, à 39 ans. Ecrivain au talent éclatant, collaboratrice de son mari deux fois ministre de l'Intérieur, encyclopédiste, amie et conseillère de plusieurs hommes jeunes qui firent la Révolution, comme Pétion, Brissot, Louvet, et amoureuse passionnée de l'un d'entre eux, Buzot, Mme Roland a tenu tous les rôles que l'accélération foudroyante de l'histoire lui présenta. Emportée dans la chute de ses amis girondins, elle fit preuve, face à la mort, d'un stupéfiant courage. Sa correspondance et ses Mémoires offrent un prodigieux exemple des enchaînements du cœur et de la raison chez une femme habitée par la passion du bien public.