Rien moins qu'un livre-monument, conçu à la manière d'une cathédrale. D'abord publié entre 1931 et 1933, du vivant de Robert Musil, L'Homme sans qualités est resté inachevé. L'écrivain autrichien meurt en 1942, laissant derrière lui un vaste chantier de plusieurs milliers de pages (exploitées ensuite avec plus ou moins de bonheur par les éditeurs). À l'origine, le texte devait se composer de deux volumes, étendus sur quarante ans, principe repris dans cette collection (voir tome 2). Cet "homme sans qualités", c'est un homme sans caractère propre – loin du roman traditionnel – l'édification de tous les possibles, des hypothèses, à travers plusieurs personnages, qui ont valeur universelle. Ironie, satire, anti-intellectualisme, comédie, tout se fond et se confond entre narration et réflexion philosophique, pour former, selon Philippe Jaccottet, son traducteur, "un essai de roman". Avec Les Désarrois de l'élève Törless et Les Exaltés, c'est bien l'œuvre qui a imposé Musil au monde littéraire, après sa mort. --Céline Darner