Alphonse Dupront a jeté un regard tout à fait neuf sur les Lumières. Concomitance de trois mouvements naissants : pré-Révolution française ; pré-révolution industrielle ; pré-romantisme, elles ont pour cadre l'Europe. Comme la Révolution française, elles s'intègrent dans un mouvement historique plus large, qui est, lui, la véritable Révolution : à savoir, des dernières décennies du XVIIe siècle à la mi-XIXe siècle, le passage d'une mythique traditionnelle (mythique de religion, de sacralités, d'autorité religieuse et politique) à une société des hommes indépendante, sans mythes ni religions.
Monde animé par des tendances ou des cohérences collectives plutôt que par des doctrines et des constructions rationnelles, les Lumières ont leur part dans l'émergence de la société 'moderne', société sans passé ni traditions, du présent et tout entière ouverte vers l'avenir.
Ce grand cours d'Alphonse Dupront, professé voilà quelque trente ans, a été le creuset du renouvellement historiographique de notre vision des XVIIIe et XIXe siècles.