La grande terre " : ainsi les géographes arabes du Moyen Âge désignaient-ils la vaste Europe, espace perçu comme une mosaïque de peuples mouvants qu'ils ne cessèrent jamais d'étudier et de cartographier.
La grande terre " : ainsi les géographes arabes du Moyen Âge désignaient-ils la vaste Europe, espace perçu comme une mosaïque de peuples mouvants qu'ils ne cessèrent jamais d'étudier et de cartographier. Comment comprendre, de leur point de vue, cette représentation géographique d'un continent à la fois inconnu et familier ? C'est à ce décentrement du regard que nous convie Jean-Charles Ducène au fil de cette étude fondée sur un corpus de sources d'une impressionnante richesse.
Au début du IXe siècle, les géographes arabes considèrent l'Europe comme un ensemble flou de populations, principalement chrétiennes mais encore païennes loin de la Méditerranée, alors que deux villes se détachent entre légende et réalité, Rome et Byzance. Cet ensemble se structure au fil du temps en pouvoirs étatiques et se couvre de villes, décrites par ces géographes comme des lieux urbanisés et des centres économiques insérés dans un réseau réticulaire de routes, qui s'étendent jusqu'en Scandinavie et à la Volga. Mais quand ces pouvoirs se projettent en Méditerranée et empiètent sur les territoires musulmans, c'est une représentation plus géopolitique qui se construit.
De la sorte, ce livre parcourant six siècles de littérature montre que " l'Europe " n'est pas apparue aux savants arabes une et indivisible, mais au contraire infiniment diverse et en mouvement.