Qui pouvait en vouloir à la vieille Haldis Horn au point de lui fendre le crâne d'un coup de pioche ? Un dingue, estime le commissaire Sejer. L'évasion d'Errki Johrma de l'asile psychiatrique d'à côté semble confirmer cette hypothèse. De plus, Errki aurait été vu par Kannick près de chez Haldis au moment du meurtre. Mais doit-on prendre au sérieux le témoignage d'un enfant lui-même interné dans un centre pour inadaptés ? L'enquête piétine quand un autre événement survient : le cambriolage d'une banque voisine, avec prise d'otage. Aucun rapport, apparemment. Sauf que l'otage n'est autre qu'Errki Johrma et que Kannick a disparu...
Extrait :
"Un rayon aveuglant s'abattit d'entre les arbres. Le choc le fit s'arrêter net. Il ne s'y attendait pas. Il avait quitté son lit, avait lentement traversé la maison obscure, encore à moitié endormi, puis était sorti sur le perron. Où il rencontra le soleil. Celui-ci pénétra dans son oeil comme une alêne. Il leva brusquement les mains à son visage, mais la lumière poursuivit sa course, se fraya un chemin à travers les cartilages et les os pour parvenir dans les ténèbres du crâne. Tout y prit une éclatante blancheur. Les idées partirent dans tous les azimuts, atomisées. Il voulut crier, mais il ne criait jamais, c'était indigne de sa part. Au lieu de cela, il serra les dents et resta aussi immobile sur les marches qu'il le put. Il se passait quelque chose. La peau de son crâne se contracta, lui faisant ressentir un picotement d'intensité croissante. Il porta les mains à sa tête et se mit à trembler. Il sentit que ses yeux étaient tirés sur les côtés, que ses narines se dilataient jusqu'à atteindre le diamètre d'un trou de serrure. Il geignit faiblement, tenta de se modérer, sans parvenir à s'opposer à la violence de ces forces. Ses traits s'effacèrent lentement. Il ne resta qu'un crâne nu recouvert de peau blanche transparente. Il lutta fébrilement et gémit tout bas, essaya de palper son visage, de vérifier qu'il n'avait pas disparu. Son nez était devenu mou et répugnant. Il baissa la main. Il avait détruit le peu qui restait, sentait distinctement qu'il se délabrait et perdait sa forme à la manière d'une prune pourrie."
Karin Fossum, "la reine du crime en Norvège", comme on la surnomme, vit dans la région d'Oslo. Son héros, le commissaire Konrad Sejer, veuf, taciturne et rêveur, a conquis des millions de lecteurs.