Sur un paysage de neige indéfini se détache la forme sombre, presque abstraite, du manoir d'Überwintern. Manoir labyrinthique dans lequel la voix d'Ariane, l'intendante du comte de Furbach, nous conduit au plus près de ce qui ne se dit pas. Entre les fastes d'une soirée grandiose donnée par un maître inquiétant et les souvenirs d'une vie silencieuse marquée par la violence conjugale se dessine ainsi le portrait d'une femme singulière. Et tout au long de la nuit, Ariane n'aura de cesse de vouloir interrompre les agissements de celui dont elle pense connaître, mieux que quiconque, les secrètes motivations. Mais le comte, dont les nombreux mariages et les épouses successivement disparues alimentent les rumeurs et la fascination, ne choisira pas celle que l'on croit. L'élue cèdera-t-elle à la curiosité en ouvrant cette porte condamnée dont on lui a interdit l'accès ou parviendra-t-elle à briser le cycle de la violence au profit de la confiance et du respect ? Relecture du conte de Barbe-Bleue, mariant fable et réalité, féerie et cauchemar, ce récit envoûte par son atmosphère étrange et la musique lancinante de son écriture. C'est une belle réflexion sur l'asservissement aux désirs et l'affranchissement nécessaire.