"J'étais, sans le savoir, un enfant heureux, relativement heureux, il est vrai. Mais ce n'était qu'une impression d'ensemble. Car ma vie, même alors, ne manquait pas de petits malheurs auxquels je n'arrivais pas à m'habituer. Il faut remonter à novembre 1944. J'avais treize ans."
Jeff porte sur la lèvre un petit bec-de-lièvre que tout le monde nomme la " cicatrice ". Une infirmité dont il ne connaît pas la cause et qui lui vaut moqueries et méchancetés de toutes sortes. Parce qu'il ne sait s'en défendre, il intériorise toute cette douleur, toutes ces blessures morales répétées. A cet âge si sensible, s'enfermant peu à peu, il souffre et fait souffrir ceux qui l'aiment sans réserve...
"- Dis, maman, lui demandai-je, Dieu est bon, n'est-ce pas?
- Oui, bien sûr.
- Alors, si Dieu est bon, pourquoi m'a-t-il fait ma cicatrice?"
Ainsi le petit Jeff s'interroge et interroge les autres sans trouver de réponse. Ce roman présente le drame bouleversant de cet enfant, différent des autres et rejeté par eux. Plus il cherche à sortir de sa solitude, plus il s'y enfonce, car le monde de l'enfance est aussi celui de la cruauté, inconsciente mais féroce.
L'histoire de Jeff ne se raconte pas car elle est si vraie qu'il faut la lire, c'est-à-dire la vivre.