Un autoportrait de Lucifer, le diable, est présenté sous forme de confession intime et sur un ton humoristique
Extrait:
"Moi, Lucifer, Ange Déchu, Porteur de Lumière, Prince des Ténèbres, de l'Enfer et de ce Monde, Seigneur des Mouches, Père du Mensonge, Suprême Apostat, Tentateur, Antique Serpent, Séducteur, Accusateur, Tourmenteur, Blasphémateur et, sans contestation possible, Meilleur Coup de l'Univers Visible et Invisible (demandez donc à Ève, cette petite garce), j'ai décidé - ta-daaah !- de tout dire. Tout ? Presque. Pas mal comme titre : Presque. Il s'en dégage un vague fumet de modestie post-millénariste, hein ? Presque. Ma version de l'histoire. Le funk. Le swing. Le boogie. Le rock. (C'est moi qui ai inventé le rock. Si vous saviez tout ce que j'ai inventé : la sodomie, bien sûr, la fumette, l'astrologie, l'argent... Bon, on va gagner du temps : tout, absolument tout ce qui vous empêche de penser à Dieu. C'est-à-dire à peu près tout ce qui existe, d'accord ? La vache.) Allez, on passe à vos questions - des milliards de questions, qu'on peut finalement résumer en une seule : Quel effet ça fait d'être moi ? Oui, quel effet ça peut bien faire d'être moi, hein, nom de Dieu ? Je serai bref, vu que - grâces m'en soient rendues - il faut être bref pour plaire en cette époque trépidante et fragmentée : c'est hard. D'abord, je souffre en permanence. Une souffrance obsédante, pire qu'un lumbago ou un problème intestinal; une brûlure ininterrompue, enveloppante si l'on peut dire (très pénible), un martyre ponctué d'explosions erratiques incandescentes de méta-martyre, comme si mon être tout entier était le théâtre d'une petite Armageddon privée {vraiment très pénible). Ces bombes, ces... supernovae me prennent toujours par surprise. Quand j'ai salopé le travail, que les poissons ont réussi à passer entre les mailles du filet...