Lucrèce Borgia, fille du pape Alexandre VI et sœur du fameux condottiere César, fut-elle la femme dépravée et cruelle dont la légende noire est parvenue jusqu'à nous ? Ecoutons la voix aux délicieux accents andalous et mauresques de sa fidèle dame de compagnie, Catarina. Selon elle, Lucrèce apparaît plutôt comme une victime des sordides calculs politiques de son père, le souverain pontife, qui lui a fait contracter, contre son gré, trois unions matrimoniales sans amour. Elle eut obligation d'épouser d'abord Giovanni Sforza, rejeton de la célèbre famille, dont elle divorcera vite, puis Alphonse d'Aragon, qui sera assassiné sur ordre de César Borgia, et enfin Alphonse d'Este, duc de Ferrare, un homme indifférent. Le duc est le frère d'Isabelle d'Este, mariée à François de Gonzague, dont Lucrèce devient la maîtresse. Or, avec Isabelle, Lucrèce allait trouver une adversaire à sa mesure. Femme de tête et protectrice des arts, louée pour son raffinement et son intelligence, très amoureuse de son mari avec lequel elle eut huit enfants, Isabelle d'Este se jura que cette infidélité ne mettrait pas en péril son union. Aussi Isabelle se bat-elle avec les armes les plus raffinées pour séparer les deux amants...
Si la légende noire des Borgia est demeurée célèbre, la liaison que Lucrèce entretint avec le mari de sa belle-soeur, Isabelle d'Este, et le combat sans merci qui s'ensuivit dix années durant entre les deux femmes sont, en revanche, beaucoup moins connus. Entre intrigues et faux-semblants, Michel Peyramaure nous conte l'histoire romanesque de la rivalité amoureuse qui opposa ces deux figures majeures de la Renaissance italienne, ravivant le souvenir de la sulfureuse Lucrèce et réhabilitant la mémoire d'Isabelle d'Este, injustement tombée dans l'oubli.