A cinq ans, en 1715, Louis XV succède à son arrière-grand-père Louis XIV dans une France affaiblie. Après la Régence et le ministère du vieux cardinal de Fleury, ce n'est qu'en 1743 qu'il commence à gouverner. Le "Bien-Aimé" devient assez vite le Mal-Aimé. Il le resta longtemps aux yeux des historiens qui lui ont reproché sa faiblesse devant ses ministres et favorites, ses frasques du Parc-aux-Cerfs, la perte du Canada et de l'Inde...
Aujourd'hui, on est revenu de ces jugements sans nuances et l'on commence à mieux comprendre ce souverain timide, secret, ayant sans doute du mal à assumer son métier de roi, mais profondément bon, sensible, cultivé, passionné par les sciences et ne manquant pas parfois d'autorité. Cette biographie n'est pas seulement la réhabilitation d'un souverain mal connu, qui fit face, avec intelligence à l'opposition d'une société bloquée, animée par les parlements, les jansénistes et sa propre noblesse ; elle brosse également une fresque de ce royaume de France riche, puissant et paisible, qui connut un prodigieux développement économique et s'accrut sous son règne de deux belles provinces, la Lorraine et la Corse. En ce siècle des Lumières, où l'esprit public évolue fortement, où les idées nouvelles foisonnent, Louis XV, dans Versailles rayonnant d'un éclat incomparable, demeure le monarque le plus prestigieux d'Europe jusqu'à sa mort en 1774. Après 59 ans de règne, la monarchie semble solide, en dépit des lourds nuages qui s'amoncèlent à l'horizon.