De la fenêtre de son cabinet de psychanalyste, Éva contemple l'agitation qui règne sur le chantier d'en face. Fascinée par ces hommes bottés, casqués et casaqués de jaune fluo, tel le grutier qui, du haut de son engin surnaturel, manipule des charges considérables avec une précision de couturière, elle regarde les ouvriers, mais les ouvriers, de leur côté, la regardent aussi. Surtout Louis, le chef de chantier, et Pedro, le grutier. Et à force de regarder, on finit par voir des choses... À la façon de Hitchcock dans Fenêtre sur cour, Béatrice Shalit met en scène la rencontre entre deux mondes qui habituellement s'ignorent. Avec beaucoup de finesse et de sensibilité, elle nous livre un roman pétri d'humanité.
C'est un roman à trois voix qu'offre Béatrice Shalit. Le lecteur entre ainsi dans l'intimité d'Eva, de Pedro et de Louis. Chacun cache ses blessures. Pedro et Louis ont besoin de la psychanalyste. Eva, elle, a besoin de bras pour la consoler.
Petit à petit, chacun apporte une vision des évènements, une portion de sa vie, et fait ainsi entrer le lecteur dans une forme d'intimité toute en pudeur et en finesse. Petit à petit, ils vont se reconstruire, croire de nouveau en la vie... enfin, si la vie n'était pas si cruelle parfois !