À Seignes, quelque part en province, dans une demeure bourgeoise. La famille vit difficilement la disparition en Pologne de l'une de ses deux filles. Ignace, le frère, occupant sa chambre voisine, part à sa recherche, jusqu'à Oszkina ? Avec Portement de ma mère, texte sur le deuil, François Emmanuel avait évoqué la figure maternelle dans ses derniers jours d'existence. Dans La Chambre voisine, il poursuit le thème familial, traversé par les non-dits, recentré sur les relations fraternelles et sororales. D'un texte à l'autre, on observe la même sobriété, la même humilité, la même justesse. À la mort de la mère a succédé l'absence de la soeur, une autre forme de disparition, qui plonge les êtres dans une espèce de solitude béate, dans l'incompréhension avant la douleur.
Il y a quelque chose de tranquillement posé dans l'écriture de François Emmanuel, non loin de celle de Proust. Quelque chose qui installe le silence, une évidente quiétude en apparence, cependant qu'à l'intérieur des êtres ça bouillonne. Tout se tient, se retient, au milieu d'un "grincement des crémones", d'un "crépitement humide des frondaisons"? La force d'Emmanuel réside justement là, dans cette rencontre d'un style lisse et poli avec le sentiment, une émotion dense, touffue. Une force rare ?