La tourmente de la révolution s'est apaisée. Anne-Laure de Pontallec rentre à Saint-Malo. Elle a lieu d'être amère : beaucoup d'amis chers sont passés sous le couperet de la guillotine, ses biens ont été pillés et son infect époux, à qui elle voulait demander des comptes, est en fuite. Elle a lieu d'être fière aussi. Les gens de cœur ne l'ont pas oubliée, ses serviteurs la vénèrent. Et sitôt ses affaires rétablies, elle n'aura de cesse de retrouver Paris, de rejoindre le baron de Batz - l'homme du roi -, et de s'illustrer avec panache dans l'une des ultimes tragédies des Bourbons. Sagas, épopées, portraits de femmes, romans historiques, on ne présente plus Juliette Benzoni. La Comtesse des ténèbres clôt sa trilogie sur la Révolution, après Un homme pour le roi et La Messe rouge. Lors même que le tumulte des événements décroît, elle tire un surprenant parti d'un destin de femme marqué du sceau du mystère et mal connu en France. Celle que l'Allemagne, où elle s'éteignit en 1837, nomma la comtesse des ténèbres était, il est vrai, une personne aussi intrigante que romanesque au naturel. La comtesse et Batz se distinguent du flot continu des personnages et des faits saisis sur le vif par la rectitude de leurs attitudes et la hauteur de leurs sentiments magnifiés par le sens du devoir.