Cruel et valeureux, avide et idéaliste, assassin et héros : telle est l'image ambivalente du brigand. Au moment où éclate la Révolution, il emprunte les traits de l'aristocrate, ennemi de la patrie, revenu à la tête de hordes étrangères après la prise de la Bastille, provoquant la « Grande Peur ». Entrés dans l'histoire de la Révolution au cours de cet été 1789, les brigands, réels ou imaginaires, ne vont plus la quitter. Endossant tantôt les habits de la Contre-Révolution, tantôt ceux d'un patriotisme radical, ils défraient les chroniques, ravagent les campagnes, suscitent des sentiments d'effroi ou d'admiration : depuis Cartouche et surtout Mandrin, le contrebandier du Dauphiné qui, durant de longs mois, défia l'administration fiscale de Louis XV et ses armées, l'image du brigand est ambiguë, entre fascination et répulsion. Qui sont donc ces « brigands » que dénoncent inlassablement les rapports des gendarmes, les juges de paix, les représentants de l'État dans les départements et les députés à l'Assemblée nationale ? Pourquoi ont-ils provoqué tant de débats passionnés, tant de lois répressives ? Pourquoi le brigandage a-t-il connu une telle recrudescence sous le Directoire ? Pour le comprendre, cette enquête minutieuse, fondée sur des archives inédites, porte sur les départements méridionaux, plus particulièrement sur la Provence, là où les conflits politiques furent précoces et intenses tout au long de la Révolution. Ce livre participe au renouvellement des travaux historiques sur la Révolution et sur la part de violences extrêmes qu'elle a comportées.