Sur le rivage démarre comme un thriller : Ahmed trouve deux cadavres et s'enfuit pour éviter les ennuis. Venu du Maroc en quête d'un emploi, il est condamné à la débrouille depuis que les chantiers tournent au ralenti. Car à Olba, la crise fait toutes sortes de victimes. Esteban, menuisier en faillite, ose à peine avouer sa déroute. Il passe ses journées avec son vieux père qui glisse lentement vers la démence. Francisco ne quitte pas le bar du coin. Il se croit philosophe, alors qu'il tue le temps. Sur la scène du roman résonnent les voix d'un pays. D'un personnage à l'autre, d'une génération à l'autre, se dessinent l'Espagne d'aujourd'hui et, au-delà, une Europe crépusculaire, ravagée par le doute ou tentée par l'extrémisme. Au milieu du chaos, l'écriture magistrale de Chirbes pourchasse inlassablement les éclats de lumière.