Remise au jour - après une très longue absence - du chef-d'oeuvre d'Elizabeth Goudge, qui fut juste après la Seconde Guerre mondiale (1944) un best-seller du genre le moins attendu. Sur un canevas " impossible ", qui se révèle à l'usage plein de ressources, une méditation - de 800 pages ! - d'une assez sidérante liberté sur la vérité et les mensonges de ce qu'on appelle l'amour. Nous sommes au XIXe siècle dans une bourgade des îles Anglo-Normandes. La famille du jeune William emménage rue du DauphinVert. Un coup de vent, un chapeau fleuri qui atterrit dans le couloir de la maison. Puis apparaît l'aimable propriétaire du chapeau, une petite voisine, jolie et souriante, qui répond au prénom de Marguerit, suivie par sa sueur Marianne, à la beauté moins évidente, silencieuse et grave. Les demoiselles Le Patourel. Les trois adolescents deviennent amis, et même un peu plus. On, rêve, on rit, on pleure (à peine), et l'on se moque de ce benêt de William qui, malgré sa préférence marquée pour Marguerite, ne peut s'empêcher de mélanger les prénoms des deux soeurs. Un détail idiot qui va bouleverser le cours de trois existences... Parti voir du pays, William se retrouve en Nouvelle-Zélande établi comme colon, et toujours épris de son amoureuse d'hier. Prenant un jour son courage à deux mains, il écrit aux parents Le Patourel pour leur demander la permission d'autoriser Marguerite à le rejoindre : il est prêt à l'épouser. Quelques mois plus tard, il a la surprise de sa vie c'est Marianne qui débarque du bateau... Se serait-il trompé de prénom dans sa lettre ?... Ce que fait Miss Goudge à partir de là relève, qu'on se rassure du très grand art.