L'histoire se situe au début d'un dix-septième siècle imaginaire, entre Maria Conception, infante d'Espagne et reine de France, et Girolamo, le narrateur. Girolamo a huit ans lorsqu'il arrive à la cour d'Espagne, rescapé d'un bateau d'esclaves, offert au roi Carlos. Il a été castré, et, gravement malade, il ne survivra que par amour pour la petite princesse qui s'éprend de lui et le soigne. Maria Conception a été élevée par un père ambitieux qui souhaite ardemment que sa fille accède au pouvoir. A quinze ans, formée par les meilleurs professeurs dans toutes les disciplines, elle devient l'épouse d'Edouard, roi de France et arrive à la Cour, bien décidée à conquérir le pouvoir dont son père lui a donné le goût. Elle y parviendra, à force d'audace et d'intelligence, soutenue par Girolamo qui ne la quitte jamais. Nous la verrons s'initier aux finances d'un royaume à demi ruiné par les guerres de religions, sauver une femme en couches, affranchir et anoblir Girolamo, soutenir une guerre de ses deniers et, le moment venu, elle fera abroger la loi salique pour devenir la reine aux deux couronnes - France et Espagne -, tout cela dans un foisonnement de personnages et d'événements. Maria ne tient aucun compte des restrictions que les usages lui imposent : instruite, elle se sert de son savoir pour atteindre ses objectifs dont le premier est d'unifier une Europe déchirée par les guerres. En parallèle à ce récit galopant, un autre récit se déroule, celui de l'amour absolu mais impossible qui unit la reine et son esclave. Ces deux amants qui ne seront jamais amants trouvent une place pour leur passion forcément chaste. Au coeur des nuits, ils dorment enlacés, dans un mélange déchirant de bonheur et de désespoir, corps qui s'étreignent sans pouvoir se prendre. Girolamo soutient tous les projets de Maria Conception et l'accompagnera jusqu'au bout pour mourir à ses côtés et entrer avec elle dans la longue dormition des amants.
Jacqueline Harpman est psychanalyste. Elle vit à Bruxelles. Elle est l'auteur d'une dizaine de romans et a obtenu le prix Médicis ex-aequo, en 1996, pour Orlanda.