Le projet peut surprendre. On connaît la poésie de certains cimetières, l'étrangeté de certaines inscriptions funéraires. Mais faire de leur pouvoir d'évocation oeuvre littéraire...
Macabre ? Pas du tout. C'est même la grande force de ces hommages posthumes en forme de nouvelles que de ne jouer jamais sur des cordes faciles. Il y a là une sensibilité sans sensiblerie, une émotion qui n'interdit jamais l'ironie ni l'humour noir.
Le meilleur du livre est au demeurant inspiré par les temps anciens, comme si l'auteur avait besoin de la distance historique pour éviter les clichés...
Allégée par le passage des siècles, elle montre une envoûtante puissance d'évocation, un art de saisir le bonheur au moment où il va être détruit, qui charme et serre le coeur. La vie soulève alors son livre au-dessus de lui-même, opération magique qu'il ne lui reste plus désormais qu'à savoir préférer à tout.
Dans Dix rêves de pierre, un recueil de dix nouvelles, Blandine Le Callet imagine la destinée de dix personnes en se basant uniquement sur l'épitaphe inscrite sur leur tombe...
Avec grâce. Blandine Le Callet a le don de brosser en quelques pages un portrait, un univers, une époque, une ambiance. On navigue avec bonheur dans ces vies de papier.