D'abord le titre. Une ville. Pas une ville précise. Plutôt l'empreinte d'une ville quelconque. Son squelette. Je pensais aux histoires que j'avais dans la tête comme à des quartiers. Et j'imaginais des personnages qui étaient des rues, et qui certaines fois commençaient et mouraient dans un quartier, d'autres fois traversaient la ville entière, accumulant des quartiers et des mondes qui n'avaient rien à voir les uns avec les autres et qui pourtant étaient la même ville. Je voulais écrire un livre qui bouge comme quelqu'un qui se perd dans une ville.
Des personnages - des rues - il y en a beaucoup : il y a un coiffeur qui le jeudi coupe les cheveux gratis, il y en a un qui est un géant, un autre qui est muet. Il y a un petit garçon qui s'appelle Gould, et une fille qui s'appelle Shatzy Shell (rien à voir avec celui de l'essence). Il y a aussi dans City deux quartiers, assez vastes, un peu décalés en arrière dans le temps. Il y a une histoire de boxe, et il y a un western. Le western, c'est quelque chose à quoi je pensais depuis des années. J'étais toujours là à essayer de m'imaginer comment diable on pouvait bien faire pour écrire la fusillade finale. Quant à la boxe, là c'est un monde dingue, superbe. Si en plus tu es quelqu'un qui écrit, tôt ou tard tu y viens. Mieux vaut tôt, me suis-je dit.