Au cours d'une soirée chez des amis avec lesquels Denis, brillant chirurgien, est en train de s'associer pour monter une clinique de chirurgie esthétique, Denis et Florence, son épouse, elle aussi médecin, rencontrent inopinément Romain. Tous trois ont fait leurs études ensemble et ont vécu alors, dans la transparence, un amour à trois. Denis et Romain, amis à la vie à la mort, comme on l'est à cet âge, se sont en quelque sorte partagé Florence qui aimait l'un et l'autre avec la même intensité, sans vouloir ni pouvoir choisir. Romain, plus aventurier, plus généreux sans doute est parti pour l'Afrique. Florence a épousé Denis. Il gagne beaucoup d'argent, meuble leur appartement d'objets d'art modernes très onéreux. Elle laisse faire. Tout est harmonieux entre eux. Ils s'entendent bien, sont restés très amoureux l'un de l'autre. La rencontre de Romain qui dit à Florence qu'il l'aime toujours et qu'il est venu l'arracher à une existence qu'il juge futile alors que, dans le même temps, Denis parle business avec son ami Pierre, brave type mais qui ne pense qu'à l'argent, bouleverse Florence. Mais ce bouleversement prend une forme plus subtile qu'un brutal rejet de ce que Romain dénonce. Elle s'aperçoit que, malgré son indépendance d'esprit, elle n'a rien choisi dans sa vie, que les choses se sont imposées à elle, doucement. Elle les a acceptées sans traumatisme, souvent avec bonheur, mais sans que jamais elle ne les ait réellement voulues et décidées. Elle quitte la soirée, rentre chez elle et au bout du compte, fait sa valise et disparaît. Quand son mari rentre et s'aperçoit qu'elle n'est plus là, il se persuade qu'elle est partie avec Romain. Il retourne chez l'ami Pierre pour obtenir des renseignements. Mais Pierre ne sait rien, sauf que Romain devait s'envoler pour Dakar. Tous deux ivres, au cours d'une longue scène à la fois violente et cocasse discourent sur les hommes et les femmes. C'est si juste et percutant qu'on pourrait croire qu'Anny Duperey a été un homme dans une autre vie. Puis Denis, hagard et affolé, après quelques errances, file à Roissy et saute dans un avion pour Dakar. Il retrouve Romain. Mais Florence n'est pas avec lui. Lui non plus ne sait pas où elle a disparu, ni pourquoi. Les deux amis s'affrontent puis peu à peu se réconcilient et retrouvent leur complicité d'antan mais aussi ce qui les a opposés dès l'enfance. L'Afrique, qu'Anny Duperey connaît bien, est très présente autour d'eux et donne aux scènes quelque chose d'exotique, de décalé, de « tremblé » qui ajoute du mystère à cet examen de conscience à deux. Au-delà des mots échangés, le monde est là, en résonance. Le livre se termine par une sorte d'épilogue qui boucle les choses, après ces moments de rupture, de basculement qu'Anny peint si bien dans tous ses livres et particulièrement dans celui-ci.