Quel étrange rapprochement pourraient dire l'amateur de tableaux ou de sculpture, le mélomane encore davantage, au vu de ces deux mots. Qu'on leur laisse donc le plaisir de l'émotion de l'oeuvre sans l'encombrer du voisinage d'une science, d'une technique, qui ne leur ont pas forcément laissé le meilleur souvenir.
Ce livre, issu d'un colloque entre artistes et chimistes, parrainé par la Fondation de la Maison de la Chimie, témoigne en fait de l'importance de ces deux mots pris ensemble. Car avant l'émotion, avant l'existence, l'oeuvre d'art n'est que matière - le bois du violon, le pigment de la couleur, la substance de la sculpture. Et voilà qui met l'artiste - et non plus l'amateur ou le mélomane - dans sa vraie situation : le médiateur qui, de la matière brute, grâce à son travail, crée l'oeuvre. La prise de conscience de cette réalité transforme notre regard sur l'artiste, car s'il se veut maître de la matière, il est préférable qu'il la comprenne, qu'il sache prévoir ses comportements devant ses efforts et... voilà qu'on retrouve la chimie puis, dans le même mouvement, le chimiste avec sa capacité de prédiction des transformations de la matière, la puissance de ses analyses.