Ce dimanche 19 octobre 1951, un jeune médecin de 28 ans quitte le port de Las Palmas aux Canaries. Direction : l'Amérique. Moyen de transport : un canot pneumatique. Matériel embarqué : une voile, deux avirons, divers instruments de navigation, un couteau, quelques livres. Provisions d'eau : néant. Vivres : néant. Objectif : prouver qu'un naufragé peut survivre plusieurs semaines en buvant de l'eau de mer et en se nourrissant de plancton et de poisson. Tout le monde le traite de fou. Objet d'un tapage médiatique sans précédent, il est aussi tourné en ridicule, et les mieux intentionnés cherchent à le détourner de ce projet suicidaire par tous les moyens. Téméraire, sans doute. Suicidaire en aucun cas : il a seulement pris une provision de barbituriques, au cas où il tomberait à la mer et ne parviendrait pas à rejoindre son canot, crânement baptisé L'Hérétique. Bombard n'est pas un masochiste. Il va souffrir le martyre pourtant, les pires angoisses, les tortures du soleil comme de la pluie. Et il réussira, atteignant La Barbade trois mois et trois jours après son départ. Il signe là l'un des plus grands exploits de l'histoire maritime, que nous conte ce récit vivant, tumultueux, et traversé par les éclairs d'une vraie poésie.