Faisons comme si nous n'avions jamais entendu ce nom de famille, Le Clézio, jamais interrogé ces initiales pour un triple prénom qu'on peine à imaginer, JMG, comme si de Clézio nous ne connaissions qu'un village breton, Le Clézio, paroisse de Neulliac, Morbihan, son canal, ses écluses, comme si nous ne savions pas qu'il y a quinze ans les lecteurs d'un magazine infinitif firent de Jean-Marie Gustave Le Clézio « le plus grand écrivain vivant de langue française ».
Faisons comme si, et laissons-nous conter cette Ritournelle de la faim, avec l'appréhension qu'on a de lire accordés deux mots que tout sépare, le fredon répété d'un refrain léger et la tenaille mortelle, la morsure du manque, la douleur muette de crier famine.