La crise de l'esprit
Au lendemain de la première guerre mondiale, Paul Valéry publie dans la NRF du 1er août 1919, La crise de l'esprit dont l'incipit : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » demeurera fameux. L'âme européenne, si riche pourtant de ses grands esprits est presque morte dans ce conflit mondial et il s'agit de comprendre les raisons de cette faillite.
La politique de l'esprit, notre souverain bien
"Je me propose d'évoquer devant vous le désordre que nous vivons. J'essayerai de vous montrer la réaction de l'esprit qui constate ce désordre, le retour qu'il fait sur soi-même lorsque, ayant mesuré sa puissance et son impuissance, il s'interroge et tente de se représenter le chaos auquel sa nature veut qu'il s'oppose".
Pour Valéry, l'esprit est une puissance de transformation qui tend à communiquer au monde ses propres qualités, par exemple la mobilité ou la vitesse. Les européens ont inventé l'esprit moderne, qui se caractérise par l'amplitude de ses désirs, de sa volonté, mais aussi par son hétérogénéité, son désordre, voire son chaos.
Le bilan de l'intelligence
Dans cette conférence prononcée en 1935, Paul Valéry délivre ses impressions sur l'évolution de l'intelligence en une époque où le progrès ne cesse de bouleverser les habitudes et les modes de pensée. Les progrès techniques de l'âge industriel apportent un nouveau confort mais aussi entraînent une certaine paresse, de corps et d'esprit, une impatience toujours plus vive à obtenir ce qu'on veut avoir. voire une diminution croissante de la sensibilité au monde et aux choses environnantes. Surtout, ils engendrent un autre rapport au temps, désormais rétréci, amenuisé. Seule échappatoire : une éducation qui continue à valoriser les langues mortes et le bon usage de la langue française. Valéry dénonce une éducation qui mise sur le succès au baccalauréat, sans parvenir à développer la formation d'esprits indépendants.